Le couronnement des ducs et duchesses de Bretagne à Rennes

[écrit par Kaynann Guérin]

Anne de Bretagne en prières, représentée dans son livre d’heures (vers 1503). Wikimedia Commons.

Au temps où la Bretagne était un duché indépendant, les ducs et duchesses se faisaient couronner suite à un rituel qui serait inspirer de celui des rois de Bretagne et qui s’est répété à chaque nouveau règne jusqu’au duc François III en 1532. 

La veille du grand jour, le nouveau souverain se rend en grand équipage et entouré par toute sa cour (une suite de plusieurs centaines de personnes) à Rennes qui est alors entièrement fortifiée. Il fait sa grande entrée dans la ville par la porte mordelaise (qui existent encore aujourd’hui et sont actuellement en restauration). 

Au milieu de la foule qui attend impatiente de voir apparaître le souverain sur son cheval richement paré, le cortège s’arrête devant une barrière où le duc, précédé des hérauts d’armes et autres trompettes sonnantes, doit s’avancer seul. Là, il prête serment sur les reliques de respecter les droits et privilèges de la noblesse et du clergé ainsi que de veiller au bonheur de son peuple et à l’indépendance de son pays. Ensuite la barrière s’ouvre et le cortège s’avance jusque devant la cathédrale Saint-Pierre où, tel un chevalier, le souverain entame sa nuit de veille en prière. 

Le lendemain matin, le duc retrouve les autorités civiles et religieuses sur le parvis de la cathédrale pour renouveler solennellement ses engagements pris la veille. Il entre ensuite à l’intérieur de la cathédrale richement décorée et la traverse au milieu de la haute aristocratie du pays. 

Le souverain se présente devant l’évêque de Rennes, revêtu de la tenue de couronnement, que les souverains revendiquaient comme un héritage des rois de Bretagne : « Une soutane fourrée d’hermines et par-dessus un manteau royal de même ». Il reçoit ensuite la bannière du duché, l’épée, le sceptre (signe d’autorité suprême) et la couronne (qui est fermée comme celle d’un roi ou d’un empereur à partir du XVe siècle). Le nouveau duc assiste ensuite à la messe debout, avant de recevoir les hommages des seigneurs vassaux, puis de ressortir de la cathédrale sous un grand dais porté par quatre gentilshommes. 

Après la cérémonie, le souverain parcourt triomphalement les rues enguirlandées de Rennes sur son palefroi, coiffé de la couronne, arborant le manteau d’hermine, entouré par ses cavaliers et serviteurs. Il préside ensuite un fastueux banquet dans l’allégresse générale. 

Cette cérémonie fastueuse est tout à fait comparable, dans sa conception, à celle de Reims pour les rois de France. À un détail près cependant : le sacre. Les souverains bretons n’était pas sacré comme leurs voisins français, c’est à dire « oint de Dieu ». En effet, celui qui reçoit l’onction sacrée devient un lieutenant de Dieu sur terre. Néanmoins, le duc de Bretagne n’en était pas moins le suzerain de sa principauté et de ses sujets : nobles, clercs ou paysan. 

Ainsi, par cette cérémonie de couronnement, le souverain breton s’applique à montrer qu’il détient tous ses pouvoirs de Dieu et sans délégation du monarque français. À partir de 1417, la formule « duc par la grâce de Dieu » apparaît systématiquement dans les actes officiels de la chancellerie. De même, sur les monnaies, les ducs (et même les duchesses) affirment que le Tout-Puissant les a mandatés pour gouverner la Bretagne en son nom. 

Publié par Rubrikenn Istor Breizh

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